PETITE HISTOIRE DU NAPOLEON
Le Napoléon est né en Italie, à Marengo.
Pour célébrer la mainmise de la France sur le Piémont, après les victoires de Bonaparte, la Commission Exécutive du nouvel état ordonna (22 ventôse an 9 - 1801) la frappe en l’atelier de Turin, d’une pièce en or de 20 franchi pesant 6.4516 g au titre de 900 %o. C’était le napoléon prématuré, qui prendrait en Italie le nom de « marengo ».
On s’inspirait du projet de la République Française, non encore mis à exécution et qui le serait par les lois de Germinal an XI (1803).
En effet, Bonaparte ayant pris le pouvoir en France, fit frapper dès l’an XI, des pièces de 20 F à son effigie, comme consul, puis comme empereur, jusqu’à sa seconde abdication en 1815. Les régimes qui lui succédèrent continuèrent la frappe de ces pièces en quantité, jusqu’en 1914 (231 millions sous Napoléon III).
Courantes dans les transactions commerciales, elles étaient bien rares dans le peuple, en raison de leur inadéquation avec les salaires. Le nom de « napoléon » leur fut attribué par l’usage, même si elles n’étaient pas toujours à l’effigie du Premier ou du Troisième.
Mis hors cours le 5 août 1914, il fut remplacé par des billets. Il serait désormais coté en bourse. Avec les écus de 5 F il constituait l’essentiel du « bas de laine » français. Des millions furent thésaurisés lors de la 1ére Guerre Mondiale, malgré les appels du gouvernement. « Versez votre Or ». Des refrappes officielles datées de 1907 à 1914 eurent lieu dans les décennies suivantes (emprunt Pinay). La Suisse aussi frappa des 20 F de bourse jusqu’en 1949 …
Le napoléon a eu des petits frères et des descendants au cours du XIXème siècles et au début du Xxéme siècle : 20 F de Westphalie, marengo dans les états italiens puis le royaume, 20 F belges, 20 F suisses ou « Vreneli », 20 drachmes en Grèce, 20 lires de l’état pontifical, 20 Lei de Roumanie, 5 puis 71/2 roubles de Russie, 20 dinara de Serbie, 20 leva de Bulgarie, 20 pesetas d’Espagne, 20 F de Monaco, de Tunisie, 20 Bolivares du Vénézuéla, 20 markaade Finlande, 4 daler des Antilles Danoises, 8 florins - 20 F d’Autriche-Hongrie.
Beaucoup de ces monnaies avaient cours en France, en vertu des accords de l’Union Latine (ex : Belgique) ou d’accords bilatéraux (ex : Espagne), ou par tolérance.
Au lendemain des ravages de la « Der des Der », partagés entre la nostalgie et l’espoir d’un retour à la monnaie or, certains Etats frappèrent encore des pièces de 20 F qui ne circulèrent pas, leur valeur métallique étant de beaucoup supérieure à leur valeur nominale. Citons la Pologne, la nouvelle Yougoslavie, l’Italie, Saint Marin et, plus tard encore, l’Albanie.
JP ALIX